[FAN FIC]L'infini sempiternel

En cette belle matinée de printemps, l'air était empli d'une douce odeur fleurie et rafraîchissante.
Dehors, les oiseaux chantaient, le soleil venait de se lever, et le vent soufflait doucement, rappelant que l'hiver était terminé. Dans sa petite maison de vacances, un homme venait de se lever, ouvrant les volets et découvrant l'agréable luminosité extérieure. Il s'étira un bon coup, il aimait quand les journées commençaient bien.
Après s'être douché et habillé, l'homme descendit au rez-de-chaussé où l'on sentait un parfum de petit-déjeuner typiquement anglais qui envahissait la maison jusque dans l'escalier. Et lorsqu'il fut arrivé à la dernière marche, il découvrit un repas digne d'un roi dressé sur la petite table de la salle à manger.
Au fourneau, il y avait une jeune femme aux cheveux châtains détachés, lunettes au nez. Aujourd'hui, Claire avait 32 ans. L'ayant remarqué, elle leva la tête, affichant un large sourire.

"- Bien dormi ? dit-elle.
- Jamais aussi bien, et toi ?
- Non, j'ai juste fait un cauchemar, pour le moins étrange ... je n'ai pas su me rendormir après ça donc je suis descendue."

Après un long silence, la jeune femme reprit:

"- Ecoute, j'ai quelque chose à te dire.
- Je t'écoute, répondit-il assez intrigué.
- Il faut que tu m'oublies, je t'en supplie, je n'existe plus, cesse de penser à moi, oublie moi, oublie moi
Hershel !"

Le professeur sursauta. Le front humide, il se trouvait dans son lit, celui dans lequel il s'était plus tôt réveillé. Un cauchemar. A sa montre, Hershel Layton put déchiffrer qu'il était 5h23 du matin.
Cela faisait maintenant plus d'un mois qu'il avait commencé ses crises cauchemardesques ; le jour où Claire était réapparue, et l'avait quitté, encore.
Le Professeur Layton était un homme saint d'esprit, professeur d'archéologie, il était l'une des personnes les plus intelligentes du Royaume Uni, et peut-être même dans le monde. Fervent amateur d'énigmes, son talent et ses bons conseils lui permirent de soulever le voile de mystère sur toutes ses affaires.
Pris de longues réflexions sur une question dont il oublia vite le sujet, Hershel Layton plongea dans un profond sommeil, sans cauchemar, sans Claire.

S'étirant de tout son long, le professeur bayait à s'en décrocher la mâchoire. Encore fatigué et tourmenté par cette nuit, il semblait pourtant avoir bien dormi et s'empressa de se lever d'un bon pour pouvoir aller manger son repas lui paraissant bien mérité.
De "retour" au rez-de-chaussé de sa maison londonienne, Layton était attendu par Luke et Flora. L'apprenti déjà prêt pour une journée de travail venait de revenir de la boîte aux lettres où de nombreuses lettres, dont aucune n'était adressée au jeune homme, l'encombraient. Flora quant à elle préparait la table pour qu'ils puissent commencer à manger. Cependant deux choses attirèrent l'attention du Professeur Layton ...
Luke ayant vu Hershel, il le salua:


"- Bonjour Professeur ! Eh bien, nous ne vous attendions plus. Cela fait un moment que mon ventre ne peut plus tenir.

- Bonjour Luke, comment cela ?

- Eh bien nous venons de commencer à préparer le déjeuner après vous avoir attendu quelques heures que vous vous réveilliez. Flora et moi pensions vraiment que vous étiez malade ou que vous n'aviez pas réussi à dormir cette nuit et nous ne voulions pas vous déranger !

- Je comprends Luke, ce n'est pas grave, l'important est que je sois là. Dites moi, pourquoi préparer du riz à cette heure-ci ? Et le courrier est déjà arrivé ?"


Les deux enfants se regardèrent quelques instant, un air d'incompréhension au visage. Après ce court silence, ce fût Flora qui prit la parole:


"- Professeur, il est déjà 13h30, Luke vient de vous l'expliquer, vous avez beaucoup dormi et nous n'avons pas pris de petit déjeuner pour vous, dit-elle en souriant.

- 13h ? Déjà ? Mais je suis en retard à Gressenheller ! Déjeunez sans moi les enfants, je serai peut-être de retour un peu plus tard que d'habitude !

- Non attendez profes..."


Mais Flora ne pût prévenir le professeur qu'ils avaient appelé le doyen Delmona ...

Parti en courant vers la Laytonmobile, Hershel Layton sauta sur la porte, attacha sa ceinture et appuya sur l'accélérateur pour minimiser son retard. Passant devant le commissariat de Scotland Yard, le musée de Mr.Chappy et la gare de Londres, Layton arriva enfin à bon port avec comme seule infraction, un simple feu orange de grillé, ce qui ne lui ressemblait pas vraiment. Mais se réveiller en retard non plus, ce n'était pas lui.
Entrant par les grande portes vitrées de l'université, le professeur allait entrer dans sa salle de cours mais fût interrompu par une voix venant de derrière son dos:


"- Hershel ! Je ne pensais plus te voir ici aujourd'hui !

- Mr. Delmona ! Je suis vraiment désolé de mon retard mais la nuit a été mouvementée pour ma part. Pourquoi ne pensiez-vous pas me voir ? Après tout je travaille toujours ici ! ... enfin je crois ...

- Bien sur ne t'inquiète pas, lui répondit le doyen s'autorisant à rire un peu comme si l'on venait de lui raconter une mauvaise blague, c'est juste que Luke m'a appelé il y a 2 ou 3h pour me dire que tu n'étais pas sorti de ta chambre."


« J'aurai pu manger un peu alors ... » s'accabla-t-il intérieurement, le ventre vide.


"- J'ai donc appelé immédiatement un remplaçant, tu n'as pas à t'en faire Hershel, ça va bientôt faire un an que tu n'as pas pris de journée de congé, va te reposer, on s'occupe de tout.

- D'accord, merci Mr.Delmona, je reviendrai demain alors, j'aurai mieux dormi, j'espère."

Hershel ressortit alors, le ciel était encore clair, le soleil à son zénith, et pourtant le Professeur ne put s'empêcher de bâiller, encore fatigué après avoir dormi jusque 13h.
Rentrant de nouveau dans sa voiture, il put conduire plus doucement, sentant qu'un peu plus de sommeil lui ferait le plus grand bien. Repassant devant la gare, le musée, le commissariat, lentement, très lentement, s’efforçant de ne pas dormir sur la route, il se disait «  Ne t'endors surtout pas Hershel ! Ne ferme pas les yeux ! ». Mais ses paupières étaient déjà closes et en les rouvrant, tout était blanc...

Il était déjà 22h à la montre du professeur lorsqu'un homme entra sans bruit par la porte blanche d'une des salles de repos de l'hôpital Centre. Le jeune adolescent en blouse blanche, qui devait être un infirmier stagiaire vu son jeune âge avoisinant surement les 19 ans, avait les cheveux bruns, une taille assez moyenne et un teint très pâle qui trahissait la froideur de l'établissement.
S'étant déplacé au chevet du professeur Layton, il lui adressa un bref sourire, sans plus, et prit son suivi médical accroché au pied du lit:

"- Eh bien cher monsieur, dit-il après avoir fini sa lecture, vous vous en êtes sorti de peu ! Heureusement d'ailleurs que vous êtes toujours là, notre belle ville de Londres n'aurait peut-être pas su continuer de vivre comme elle vit aujourd'hui sans vous, Mr. Layton !
- Je vous remercie du compliment, à qui ai-je l'honneur de m'adresser ?
- Moehau Forever, tout le plaisir est pour moi professeur, j'ai beaucoup entendu parler de vous dans les journaux, « L'homme le plus intelligent du Royaume-Uni » ! Que s'est-il passé pour avoir raté un virage comme celui qui vous a amené jusqu'ici ? Nos analyses témoignent d'une fatigue en roulant ...
- C'est exact, je ne sais pas ce qui m'a pris mais cette nuit m'a épuisée. Et d'ailleurs, je suis encore fatigué, je ne comprends pas.
- Eh bien, si vous pouviez m'expliquer ce qui aurait pu troubler votre conscience, j'essaierais de l'apaiser."

Le professeur conta alors pendant quelques temps et avec entrain les récents événements qui avaient suivi l'une de ses enquête. Sans s'arrêter, il raconta également ses rêves qui n'en finissaient pas. Après avoir longuement médité sur le cas d'Hershel Layton, le Docteur Forever se rassit sur sa chaise, posa ses mains sur la table et réussit enfin à parler:

"- Je pense qu'un peu de sommeil vous ferait du bien monsieur Layton, après ces tristes événements, je pense qu'il faudra du temps pour oublier, voulez-vous un peu d'eau, en espérant que vos idées soient plus claires ?
- Volontiers !"

L'homme se releva et sortit de la pièce un instant pour aller chercher deux verres et une bouteille d'eau minérale. En revenant, les verres étaient déjà remplis. De sa main droite, il servit le Professeur Layton puis se posa sur sa chaise à son tour pour boire un verre en compagnie d'"Hershel Layton".
Buvant lentement le contenu de son verre à la manière d'un vrai gentleman, le professeur fût pris d'une fatigue soudaine et qui l'exténuait encore plus qu'il ne l'était déjà. Il somnolait déjà sur la chaise de l'hôpital lorsqu'il regarda par la fenêtre le noir profond qui entourait les douces et lointaines lumières immobiles des réverbères. Dehors, le calme et la sérénité de la nature donnaient à la nuit l'impression de regarder une oeuvre d'art.
Perdu dans ses pensées, Hershel se ressaisit et décida de se lever:

"- Eh bien, je crois que je devrais retourner chez moi pour éviter un second accident en cours de route.
- Bien sûr, je comprends, j'espère que tout se passera pour le mieux monsieur Layton, bonne route.
- Au revoir docteur, encore merci pour votre hospitalité."

Au pas de la porte, il sortit. Sa voiture était là, presque aucune marque de l'accident n'était visible. En entrant à l'intérieur, il mit sa ceinture, démarra et commença sa route.
Après quelques minutes de parcours, il regarda sa montre, et tout à coup, sursauta.
Il était 21h30.

Dans la grande ville de Londres, tout le monde dormait à cette heure tardive de la nuit. Les oiseaux ne chantaient plus, le temps semblait même s'être arrêté, tout était éteint.
Mais un bruit venu de l'extérieur de la Capitale vint faire taire ce merveilleux silence. Une voiture passa à tout allure dans une rue où quelques maisons s'allumaient, réveillées par le vacarme.
A l'intérieur de la voiture, un homme conduisait, se forçant à regarder droit devant lui. Relevant son chapeau et fronçant les sourcils il semblait réfléchir, en vain. Tourmenté par cette horrible journée, toutes ses réflexions aboutissaient à la fatigue. Il pensait que le lendemain matin il se réveillerait à la bonne heure, sans problèmes.
Le Professeur Layton s'arrêta enfin devant sa maison, gara sa voiture rouge. Et sortit pour rejoindre la porte de l'autre côté de la petite barrière.
Cherchant dans ses poches son trousseau de clefs au pas de la porte, il tentait de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller Luke et Flora qui étaient encore dans la maison. Après avoir fouillé et refouillé partout sur lui ses clefs, il décida de retourner à la voiture, après tout, elles auraient bien pu tomber...
Se retournant d'un pas pressé, il s'arrêta net où il était. Quelque chose venait de bouger au coin de la rue, derrière un mur où il avait aperçu une ombre, une silhouette qui lui avait paru familière mais qui avait disparu.
Après avoir attendu suffisamment longtemps pour effacer ses soupçons paranoïaques de son esprit, Hershel Layton avança de quelques pas, puis continua pour finalement arriver à la Laytonmobile, il ouvrit la porte qu'il n'avait d'ailleurs pas fermée et continua ses recherches dans le seul but de pouvoir dormir.
Montant de nouveau dans le véhicule, il commença à rouler, la tête vide mais les idées claires. Il se dirigeait vers le centre ville. Ébloui par les lampadaires, il ne s'arrêtait pas, et il ne s'arrêterait pas. Ou en tout cas, pas avant d'avoir atteint l'arrivée, et cette fois, il ne se réveillerait pas à l'hôpital.
Dernier virage, une lumière bleutée commençait à être visible. Hershel Layton s'arrêta, se gara, monta l'escalier et ...

"- Bonsoir monsieur, dit une femme assise à son bureau."

Elle était blonde, une peau assez claire, habillée d'un simple débardeur et d'une longue jupe bleus. Devant un ordinateur, elle était entourée de plusieurs piles de papiers extraordinairement bien rangés, chaque tas ayant à première vue le même nombre de documents et dont aucun ne dépassait.

"- Bonjour mademoiselle, pardonnez-moi de vous déranger si tard, mais je ne pouvais plus entrer chez moi, je suis donc venu ici pour louer une chambre. Serait-ce encore possible ?
- Attendez un instant je vais vous dire ça tout de suite, répondit-elle, tapotant sur son clavier. Il ne nous reste plus qu'une chambre monsieur, j'espère qu'elle sera à votre goût."

Montant tous deux le grand escalier de l'hôtel jusqu'au 3^ème étage, il marchaient sans bruit pour ne pas déranger les clients sur les 5 étages du bâtiment. L'hôtel Exhausty était l'un des plus réputés à Londres, mais malheureusement l'un des plus chers, et si le professeur n'avait pas été aussi exténué, il aurait certainement parcouru plus de chemin pour trouver moins cher.

Arrivée à la porte de la chambre passagère du professeur Layton, la standardiste le quitta d'un « Bonne nuit » puis redescendit.
Entrant dans la petite pièce, Hershel tombait presque sur le plancher mais se ravisa, ce n'était pas digne d'un gentleman. Avançant par devant le lit, il alla se placer devant la fenêtre, où de violents éclairs découpaient le ciel.
Bien qu'assourdissant et aveuglant, ces orage reposait le professeur, le faisant se sentir un peu plus réveillé. Il contemplait ce spectacle titanesque, lorsqu'un grincement de porte parvint à ses oreilles.
Le grincement de sa porte. Quelqu'un était rentré. Mais avant qu'il n'ait pu se retourner, un coup de feu vint rompre le silence dans la nuit. Puis un deuxième. Layton tomba, sa vision commençait à se troubler. Une silhouette vint se placer à ses côtés. Ce n'était qu'une ombre, et pourtant il reconnut la même personne qu'il venait de croiser devant chez lui. Il ne pouvait plus parler, plus bouger, plus vivre.
Hershel Layton mourut cette nuit, au moment même où un sifflement parcourait la vile de Londres tout entière. « Shesha »

C'était un beau matin d'avril, le soleil brillait presqu'à son zénith, emplissant la nature d'un doux arôme printanier. Des fleurs de toute beauté ornaient les champs alentours, sur les chemins marchaient des promeneurs, profitant du paysage qui s'offrait à eux.
Sortant d'un profond sommeil, un homme venait de se réveiller après une très longue nuit à dormir. Retrouvant peu à peu ses esprits, celui-ci ne comprenait pas exactement ce qu'il faisait ici... où plutôt comment il était arrivé jusqu'ici.
Les idées encore un peu vagues, il marchait tout habillé vers l'escalier, prenant soin de marcher lentement, des douleurs à la tête. Tout paraissait à la fois si lumineux, mais réel. Tout était là, à sa place, il pouvait toucher les murs, entendre les oiseaux, et sentir une agréable odeur de café venant de la cuisine.
Cette simple senteur lui donnait déjà faim, et il commença à presser le pas. Tout était comme dans son soit-disant rêve, rien n'avait changé, arrivé au pas de l'escalier, Luke était là et Flora aussi.

"- Bonjour les enfants !
- Bonjour professeur, répondit Flora, bien dormi ?
- Ça ne fût pas la meilleure des nuits que j'ai pu passé, mais ça peut aller, dit-il en souriant."

Tout se passait normalement, ce n'était juste qu'une belle matinée de début de printemps.

"- Nous allons enfin pouvoir commencer à manger alors ! s'enthousiasma Luke
- Bien sûr Luke, je suis désolé de vous avoir fait attendre, ne pas plus de temps."

Tout à coup, quelque chose gêna Hershel, même si cela ne devait pas avoir beaucoup d'importance, il voulut en avoir le cœur net.
Il regarda l'horloge sur laquelle les aiguilles indiquaient exactement 13h30. Avant d'avoir pu prononcer un mot, Layton était sorti par la porte d'entrée.
Il était 13h45, lorsque les portes de l'université de Gressenheller s'ouvrirent sur le professeur d'archéologie. Un voix pour le moins non-inattendue l’interpella alors qu'il se dirigeait vers l'amphithéâtre. C'était de toute évidence le doyen Delmona, qui avançait vers lui, un air inquisiteur.

"- Hershel ! Je ne pensais plus te voir ici aujourd'hui !
- Monsieur Delmona ! Bonjour, répondit-il. Pourquoi ne pensiez-vous pas me voi..."

Mais quelque chose le marqua dans ce que venait de dire le doyen et Layton s'arrêta net, préférant ne pas entendre ce qui allait suivre.

"- Non, ne répondez rien, je reviendrais demain monsieur, et à l'heure."

Puis il sortit. Tout était exactement identique à son mystérieux rêve, à un détail près... Tout le monde le regardait bizarrement.
Il avança doucement vers sa voiture et décida d'aller chercher du thé pour éviter de s'assoupir au volant, et à pieds.

Quelques minutes plus tard, après avoir cherché longtemps quelque part où s'asseoir et boire une tasse de thé, il décida de s'arrêter sur un banc. Dehors, il s'assit, releva légèrement son chapeau, pour profiter du soleil, puis commença à fermer les yeux. Il s'assoupit finalement après quelques minutes. Mais le temps passe beaucoup trop vite aux pays es songes et son sommeil fût soudain troublé par un choc titanesque. Quelque chose venait de frapper sa tête ...

Assis sur une chaise pour pensant à sa situation, le Professeur Layton venait de se réveiller. Extirpé de son lit sans s'être posé de question, il réfléchissait, et réfléchissait encore, sans prêter attention au temps qui passait, les secondes auraient pu être des minutes, et les minutes des heures, il ne s'en serait pas rendu compte car elles se répétaient, cette journée se répétait et sa vie aussi.
Coupé du reste de la maison et de la ville, il n'osait sortir de sa chambre, car il savait ce qui se passerait. Non. Il lui fallait trouver une solution - comme toujours - mais comment résoudre une énigme n'ayant aucun sens ? Il n'en savait rien et cela le perturbait.
Il s'en savait capable, il en avait toujours été capable, c'est d'ailleurs ce que disaient tous les journaux et il ne faillerait pas à l'image que les gens lui donnaient, il y arriverait une fois de plus: ce mystère ne lui résisterait pas.
Comme dans toutes ses enquêtes, tout commençait pas les indices... et ... pour l'instant... il n'en n'avait aucun.

Alors il se leva de sa chaise, traversa la pièce et sortit, faisant preuve de beaucoup d'efforts pour tourner la poignée et descendre les escaliers, après 3 jours passés sans nuit.
Une fois au pied des marches il trouva Luke, car même si Flora n'était pas là il se retint d'en faire la réflexion pour ne pas se fatiguer inutilement. Puis il débuta le récit de ses mésaventures au jeune homme qui écouta avec attention, comme à son habitude. A la fin de l'entrevue le garçon fût silencieux, attendant quelques secondes pour cogiter tout ce que venait de lui raconter son mentor.
Ce laps de temps passé, il parla:

«- Eh bien allons-y, je vous accompagne professeur ! Après tout je suis votre apprenti, si vous avez besoin de mon aide vous savez que vous pouvez me le demander.»

Dans la rue, Hershel et Luke marchaient. La rue était encore pleine à cette heure matinale, les gens se préparaient pour le week-end même si certains ne venaient que pour se promener. Là, seuls deux individus enquêtaient.
Rien ne se passait, du moins pour le moment ; et si Layton savait que la journée finirait dans le noir total, ça ne l'effrayait pas car il se réveillerait une fois de plus. Il reprenait le dessus sur les événements: la satisfaction qu'il attendait.
Soudain lui vint une idée, quelque chose qui pourrait bien être un indice.
Tirant Luke par le bras, il l'emmena à la bibliothèque la plus proche qui par chance était ouverte.

«- Qu'avez-vous en tête professeur ? Vous savez quelque chose ?
- J'espère Luke, et si ce n'est pas le cas il faudra rebrousser chemin.»

Une fois à l'intérieur du bâtiment, Layton entreprit de chercher le document qui l'intéressait, un livre qu'il avait déjà lu il y a peu de temps - c'est en tout cas ce qu'il pensait, car sa mémoire n'était pas son point fort.
L'ouvrage parlait d'une statue datant de quelques centaines d'années, et qui venait d'être retrouvée par des chercheurs archéologues, c'était la statue d'une bête mythologique nommée "Sheha".

«- Le voilà, je l'ai trouvé !»

Hershel Layton sortit le livre du troisième niveau de l'étagère devant lui. Ce dernier était d'un vert sombre éclairci par la poussière. Il semblait ne jamais avoir été ouvert, contrairement à ce que le professeur pensait.
Malheureusement, l'écrit ne parlait pas que du Shesha et il fallait rechercher le bon chapitre sans lexique - le livre en étant dépourvu.

Une longue demi-heure fut prise pour enfin trouver la ligne qu'il fallait à la page qu'il fallait. Layton lut à voix hautes quelques phrases:

«- Animal mythique, le Shesha provient à l'origine de textes Indiens dans lesquels il est représenté comme le serpent de l'infini, un animal du renouveau, renouvelant les jours du monde. On dit qu'il est la cause des déjà-vus.»

Il continua par la suite sa lecture sur quelques lignes et ce même si un sentiment fort lui faisait penser qu'il avait un jour lu chacun de ces mots.
Au point final du chapitre, le professeur referma le livre posé dans ses mains:

«- Très bien, nous pouvons retourner à la maison à présent, il va être l'heure de déjeuner, dit-il un léger sourire aux lèvres.
- Ah, merci professeur, je commençais à avoir faim. Pourrais-je cuisiner cette fois-ci ? demanda Flora
- Euh ... eh bien, aujourd'hui, je t'invite au restaurant !»

Sortis de la bibliothèque, ils firent quelques pas, puis le professeur se rappela avoir oublié quelque chose:

«- Avance un peu par là Flora, je te rejoins, j'ai oublié de rendre le livre.»

Faisant demi-tour, il repoussa la porte de la bibliothèque et reposa le livre là où il l'avait pris.
C'est alors que quelque chose le choqua, Luke était venu avec lui, mais c'est à Flora qu'il venait de parler.
Dans l'incompréhension la plus totale et pris par un soudain vertige, il s'évanouit dans le noir total, une fois de plus.

Un réveil de plus dans la journée du professeur et il n'en pouvait plus, un jour de plus était impossible à passer.
Avant sa mort, Layton avait eu une idée, une pensée si brève qu'il avait eu du mal à s'en rappeler en se réveillant.
Maintenant il s'en souvenait et l'avait même écrit sur un papier pour ne plus l'oublier. Il pensait avoir la solution à son problème et il n'y avait qu'une seule façon d'en être certain.

Sortant de sa chambre une fois de plus, il partait à la recherche de la clef du mystère qui allait le sauver.

«- Bonjour Luke, je reviens dans une heure, ne m'attendez pas pour manger ! cria-t-il déjà au pas de la porte, j'espère ... ajouta-t-il à voix basse.»

Puis il monta dans sa voiture, passa la clef au contact, démarra la Laytonmobile et appuya sur l'accélérateur afin de ne pas arriver en retard au rendez-vous qu'il venait de se fixer.
Pendant qu'il conduisait, concentré sur la route pour ne pas faire d'accident - ce qui ne ferait que le retarder - il pensait à l'idée qu'il avait eu...quelques heures plus tard...
Cette idée, il l'avait eue grâce à quelques indices: son manque de lucidité, sa fatigue permanente, mais aussi ses difficultés à penser de lui même... des faits qui conduisaient à la même idée: un rêve.
Hershel pensait donc être dans un rêve et pour arrêter un rêve, il fallait s'en rendre compte, stopper le songe à sa base pour que tout s'écroule, direction l'université.

Arrivé devant les portes vitrées de Gressenheller University, Layton poussa les battants, traversa le grand hall au sol carrelé de marron et blanc, monta les escaliers qui semblaient bizarrement plus longs qu'à la normale, et entra dans le premier bureau.
Assis à son bureau, le doyen Delmona avait l'air de s'ennuyer, la tête baissée, les bras posés sur le bois de la table, il leva les yeux vers le professeur qui venait d'entrer, l'air surpris:

«- Hershel ! Je ne pensais plus te voir ici aujourd'hui !
- Oui, je sais Mr.Delmona, ne vous en faites pas, je ne viens pas pour ça, lui répondit le professeur
- Luke a du te prévenir alors, quel gentil garçon.
- En quelque sorte oui... il m'a prévenu...»

Puis, le doyen ne répondant pas, il continua:

«- Monsieur, je voudrais que vous m'excusiez pour ce que je vais vous dire mais je n'ai pas le choix.
- Eh bien dites, Hershel, vous avez éveillé mes soupçons.
- Très bien, monsieur Delmona... vous n'existez pas, je suis en plein rêve, et je dois me réveiller, vous êtes une simple image créée par mon esprit.»

Aucun bruit ne se fit mais l'homme devant Layton, après s'être remis du discours de son interlocuteur sourit, d'un rictus inquiétant. Alors son sourire s'étira, et le Doyen rit aux éclats, devenant presque effrayant.
Soudain tout se mit à trembler: la pièce, les meubles, le sol même se brisaient en de multiples morceaux.
Reprenant son souffle, Hershel revint au doyen Delmona qui riait toujours autant, si ce n'est plus.
Il s'arrêta enfin après que le bureau ait fini de se fissurer de haut en bas. Il reprit:

«- Bien joué Layton, dit-il tandis que son visage se transformait, encore une fois, tu viens de résoudre une partie du mystère.»

Devant lui se trouvait à présent Don Paulo, le même sourire aux lèvres.

«- Mais maintenant, qui suis-je ?»

Sous le regard sérieux du professeur, la voix de Descole parlait alors que son apparence suivait, puis le commissaire Jake, Clive, pour redevenir Delmona.

«- Adieu Layton, oublie-moi»

A ces mots la vision du gentleman commença à se brouiller, s'assombrissant petit à petit. Pris de vertige, il se pencha en avant pour finir à genoux... et alors qu'il sombrait de nouveau, la personne à qui il parlait à l'instant finit par une dernière métamorphose.
Claire.

C'était une belle matinée de printemps, une douce odeur de fleur emplissant la pièce.
En ce début de week-end, le professeur venait de se réveiller, pour de vrai. Hershel n'était plus fatigué et tout était plus net, plus beau... plus réel.
Il était heureux et presque ému de retrouver enfin sa chambre, la vraie, et pourtant tout était comme dans son rêve.
Il se releva, s'habilla et ouvrit les volets comme tous les matins afin d'aérer après cette longue nuit qui paraissait avoir duré une éternité. Ce qui était d'ailleurs peut-être le cas...
Et pour en être sûr il descendit les escaliers en bois, grinçant légèrement à chacun de ses pas.

Au rez-de-chaussée il n'y avait ni Luke ni Flora, seulement un petit déjeuner encore chaud posé sur la table, sans doute préparé par l'un des deux enfants.
Alors il s'assit et commença le festin préparé à son attention, comme si il n'avait pas mangé depuis une semaine. Pendant ce temps, il pensa à ce nuit, tout était réellement fini ?
Et il réfléchissait aussi à ce qui se passerait aujourd'hui, à l'endroit où pouvaient être Flora et Luke. Alors qu'il finissait son de déjeuner, on sonna à la porte.

Relevant son chapeau, Layton se leva de sa chaise et alla ouvrir la porte d'un pas assuré. Il tourna la poignée et après avoir ouvert la porte, constata qu'il n'y avait personne.
Il regarda ensuite autour de lui, à droite, à gauche, puis baissa les yeux. Devant lui, un panier avait été déposé.

«- Tiens, mais... c'est un bébé, dit-il en souriant à l'enfant qui le regardait et qui lui rendit son sourire dans le panier.»

Il rentra le panier avec précaution, le posa sur la table, et le regarda attentivement.
Après avoir fini de fixer le bébé, il vit enfin une carte déposée au bas de sa couverture, sur le papier, il était écrit:

"Cher Hershel,
Je ne veux plus te faire souffrir car je t'aime, et je t'aimerai toujours. Même de là où je suis, je serai toujours avec toi.
Tu dois m'oublier, pour toi. Tu te dois de continuer à enseigner, et à résoudre les mystères qui doivent être résolus car comme tu me l'as dit si souvent, c'est le devoir d'un gentleman.
Ce que j'essaie de te dire, c'est que si tu ne peux plus m'aider, aide les autres, ta vie n'en sera que plus belle.
Ce bébé est le nôtre, le tien, et je sais que tu t'en occuperas bien, que tu pourras l'aider. Cet enfant sera pour toi une compagnie et un dernier souvenir de moi, je ne t'oublierai pas.
Au revoir Hershel, et bonne chance.
Claire"

Puis il reposa le papier dans le panier, et pris son fils dans ses bras.

«- Alfendy Layton, bienvenue chez toi.»


Si toutes les énigmes ont une solution, chaque chose doit se faire en temps et en heure.
Ce mystère avait trouvé une fin et pourtant aucune réponse, cela valait peut-être mieux ainsi. Mais un jour, le professeur le savait, il comprendrait tout, cela prendrait le temps qu'il faut, il le savait.
Peu importe le temps que ça prendrait, lui avait toute sa vie devant lui, une vie qu'il partagerait dorénavant avec son fils, pleine d'aventures aussi étranges que passionnantes.
Si toutes les énigmes ont une solution, toutes les histoires ont une fin, et celle-ci avait un début.